l’Italien de 22 ans a renversé le Russe Daniil Medvedev dimanche pour remporter l’open d?Australie son premier titre en Grand Chelem
Mené deux manches à zéro par un Daniil Medvedev qui jouait comme dans un rêve, l’Italien n’a rien lâché pour finalement remporter la finale de l’Open d’Australie en cinq manches (3-6, 3-6, 6-4, 6-4, 6-3). Il ouvre son compteur en Grand Chelem dès sa première finale et avec un scénario dingue. Un grand est peut-être né à Melbourne. Cette première finale de l’Open d’Australie sans Nadal, Djokovic ou Federer depuis 2005 est donc remportée par un Italien : c’est la première fois qu’un natif de la Botte remporte ce tournoi, et le premier titre du Grand Chelem depuis Adriano Panatta en 1976 à Roland-Garros.
Plus frais physiquement avant le match, l’Italien a laissé passer l’orage après avoir été largement dominé en début de match. La marque d’un sacré champion, surtout deux jours après avoir vaincu le maître des lieux, Novak Djokovic.
Jannik sinner a marqué l’histoire de son pays dimanche, en devenant le premier Transalpin de l?histoire sacré aux Antipodes. Dans les traces de son père, qui était cuisinier, Jannik Sinner semble avoir trouvé la bonne recette sur les courts pour s’inviter durablement à la table des rois. Sa fin de saison 2023 canon, deux titres, à Pékin et à Vienne, un sacre en Coupe Davis, une finale au Masters et neuf victoires sur ses dix derniers duels contre des joueurs du top 10, avait déjà marqué les esprits
Une Finale Très Disputée
Pour sa première finale en Grand Chelem, Sinner a ainsi été étouffé comme jamais dans ce tournoi qu’il avait totalement maîtrisé jusqu’ici. Breaké dès le troisième jeu de la partie, il a été constamment pris de vitesse sur sa ligne de fond dans les deux premiers sets, Medvedev prenant la balle très tôt. Mais l’Italien a eu un immense mérite, celui de ne pas se laisser emporter par la panique et la frustration. Et à la première petite baisse de régime de son rival, il a su surgir pour reprendre totalement son destin en main.
Reprenant confiance, Sinner est redevenu lui-même, ce joueur si tranchant à l’échange, si solide, si serein depuis la fin de saison 2023. Et ce qui était une donnée importante de cette finale, la fraîcheur physique ? il avait passé près de 6 heures de moins sur le court que son adversaire avant ce dimanche ?, s’est révélée décisive. Dans le bras de fer du fond, le protégé de Darren Cahill a repris totalement dessus et plus le temps s’est écoulé, plus son triomphe a semblé inéluctable. Si timide en début de partie, il a envoyé un missile de coup droit long de ligne pour conclure. Tout un symbole.
Le Déclic de Jannik Sinner
Le break de Jannik Sinner à 5-4 qui lui permet de relancer la finale en remportant le troisième set constitue le tournant le plus évident de cette finale. Mais en résistant en début de quatrième acte, Daniil Medvedev aurait pu enrayer la dynamique adverse. Et à 3-3, le Russe a même obtenu une balle de break qui, si elle avait été convertie, lui aurait probablement permis de s’en sortir. Mais d’un sang-froid de champion, l’Italien l’a écartée d’un ace au T, serrant le poing à juste titre. La dernière illusion de Medvedev était passée.
Gagnera t-il D?autres Grands Chelems ?
Où s’arrêtera-t-il donc ? Probablement pas là. Parce que Jannik Sinner n’a pas « seulement » gagné un Grand Chelem, il l’a fait en relevant les défis les plus difficiles du moment : mettre fin à l’hégémonie extraordinaire de Novak Djokovic ? qui n’avait plus perdu à l’Open d’Australie depuis 2018, soit 33 victoires d’affilée ? et remonter un handicap de deux sets pour sa première finale en Grand Chelem. Tant tennistiquement, mentalement que physiquement, il a prouvé qu’il était entré dans une nouvelle dimension, celle qui devrait lui permettre d’aborder chaque tournoi désormais dans la peau d’un favori.
Vainqueur de 20 de ses 21 derniers matches, de 10 de ses 11 derniers duels contre les membres du Top 5, Sinner est sur une dynamique irrésistible. De quoi devenir numéro 1 mondial bientôt ? Il restera quatrième la semaine prochaine, mais il n’accuse plus que 1 500 points environ de débours sur Djokovic. A moyen terme, s’il continue sur ce rythme, il pourrait devenir un candidat plus que crédible au trône notamment à partir du printemps sur terre battue où il n’a pas beaucoup à défendre. Mais attention à ne pas enterrer trop vite le monstre serbe qui n’est jamais plus dangereux que lorsqu’il a quelque chose à prouver. La lutte s’annonce en tout cas passionnante en 2024.
Quoi qu’il arrive désormais, Jannik Sinner fait partie d’une caste de grands. Il pourrait bien s’arrêter là, à un Grand Chelem, qu’il aurait de toute façon, sans doute, réalisé là son rêve de gosse. Un gamin ne s’imagine pas triompher de 5, 10 ou 20 des plus grands tournois, il se voit soulever un trophée comme l’ont fait ses idoles avant lui.
Qui Est Jannik Sinner ?
L’histoire est connue désormais. Avant de taper, et plutôt très bien, dans une petite balle jaune, Jannik Sinner dévalait les pistes sur des skis. Le bambin n’était d’ailleurs pas mauvais dans le domaine puisqu’il fut champion d’Italie à 7 ans à l’âge où son paternel l’avait déjà mis au tennis. Celui-ci l’a-t-il poussé à choisir ? Pas le moins du monde et cette liberté, le Jannik qui a désormais grandi, ne l’a pas oubliée.
Non seulement, Sinner n’a pas été obligé de choisir mais mieux, il fut encouragé en ce sens, jouant au football, pratiquant la nage
Même quand il a fallu laisser partir l’enfant chéri aller peaufiner son destin de champion au sein de l’académie de Riccardo Piatti, à Bordighera, tout proche de la frontière française à des centaines de kilomètres de son Tyrol natal, les parents Sinner n’ont pas bronché.
Un Mot Sur Les Parents de Jannik Sinner
C’est sans doute là le n?ud de l’histoire. A l’heure où les parents font de leurs descendances des projets en tout genre, la famille Sinner n’a pas tout misé sur un destin doré pour Jannik, pourtant considéré comme un prodige du tennis dès le plus jeune âge. L’histoire de Rayane Roumane, narrée par L’Équipe, rappelle à quel point la volonté d’un père de voir son fils briller peut avoir des conséquences néfastes sur sa carrière. Et si dans le tennis professionnel, nombreux sont ceux qui ont réussi avec des parents très présents, d’autres ont aussi avoué quels traumatismes cela avait pu créer chez eux
Les parents de Jannik Sinner n’étaient pas dans son box pour son exploit en demi-finale face à Novak Djokovic, pas plus que pour son premier sacre en Grand Chelem dimanche devant Daniil Medvedev. Quel genre de parents manquent un tel événement ? « Je pense qu’ils croient un peu au destin. Ils n’ont pas voulu prendre l’avion pour tout gâcher », a expliqué Darren Cahill, l’un des deux entraîneurs de Jannik Sinner. La réponse est donc la suivante : ce sont les parents qui savent où est leur place qui sont capables de manquer le premier titre majeur de leur enfant.
Cette manière d’être a fait de Jannik Sinner un joueur très respectueux, qui perd rarement ses nerfs et qui brise rarement ses raquettes. « Il a été très bien élevé. Il a les pieds sur terre », résume Cahill qui lui, aimerait bien voir plus souvent le père Sinner sur les tournois : « Il est chef cuisinier, nous mangeons très bien quand il est là. ».