La finale de Wimbledon de dimanche a été présentée comme la « confrontation ultime » par l’adversaire de Carlos Alcaraz, le septuple champion Novak Djokovic invaincu depuis 2017, et Alcaraz a répondu avec une performance convenablement inspirée pour un 1-6, 7-6 (6), 6-1, 3- 6,6-4. Carlos Alcaraz a réalisé l’impossible et s’est remis d’un départ douteux pour offrir une finale de grand chelem de haute qualité et devenir le cinquième homme de l’ère ouverte à remporter plusieurs titres majeurs avant d’avoir 21 ans.
Une finale historique entre deux champions
Il est entré dans la cour des géants du tennis. En battant le quadruple tenant du titre et septuple champion en finale de Wimbledon, Carlos Alcaraz a réalisé dimanche un magnifique exploit au terme d’une finale d’anthologie remportée en cinq manches (1-6, 7-6, 6-1, 3-6, 6-4) et 4h42 de jeu sur le Centre Court où Novak Djokovic n’avait plus perdu depuis dix ans. L?Espagnol a montré un caractère exceptionnel après un début de match difficile pour s’adjuger son deuxième titre du Grand Chelem à seulement 20 ans. Il devient par la même occasion le troisième plus jeune champion au All England Club derrière Boris Becker et Björn Borg.
Alcaraz, qui a remporté son premier majeur à l’US Open 2022, a mis fin à la séquence de 34 victoires consécutives de Djokovic à Wimbledon avec sa victoire de quatre heures et 42 minutes. Le joueur de 20 ans s’est effondré sur le gazon dans des scènes émotionnelles au point de championnat après sa marque d’énormes coups de fond et de touches délicates, qui ont illuminé le All England Club cette quinzaine, faisant de lui le quatrième joueur masculin actif à soulever le trophée au All England Club après Djokovic, Rafael Nadal et Andy Murray.
À seulement 20 ans, Alcaraz a déjà détenu le n ° 1 mondial pendant plus de 12 autres anciens n ° 1 mondiaux, dont Mats Wilander (20 semaines), Daniil Medvedev (16), Andy Roddick (13), Boris Becker (12) et son entraîneur, Juan Carlos Ferrero (8).
Le joueur de 20 ans était ravi après son deuxième titre majeur et espère que sa victoire pourra inspirer la prochaine génération sur le Tour.
Une défaite douloureuse pour Djokovic à Wimbledon
Novak Djokovic a affronté les grands rivaux à savoir Rafael Nadal et Roger Federer 109 fois au total. Dimanche, il a affronté Carlos Alcaraz pour la troisième fois seulement, s’inclinant contre l’Espagnol de 20 ans en cinq sets lors de la finale de Wimbledon.
En réfléchissant à l’affrontement, Djokovic a fait l’éloge d’Alcaraz, comparant le n° 1 mondial à Federer, 20 fois vainqueur majeur, et Nadal, 22 fois champion du Grand Chelem.
Qui peut freiner Carlos Alcaraz ?
Alors, quel total de grands titres peut-il viser ? Mats Wilander se prend au jeu : « S’il est en bonne santé, qu’il joue ce type de tennis, il ne fera que s’améliorer. Je lui prédis entre 10 et 15 titres en Grand Chelems en étant réaliste ». En étant réaliste, on se dit aussi que ce total pourrait arriver vite. Parce que Djokovic a désormais 36 ans et que, comme l’a magnifiquement titré le New York Times dimanche, « Alcaraz a prouvé à Djokovic que ses titres en Grand Chelem étaient comptés ».
Dans le panorama actuel, les deux hommes se détachent au sommet. En 2023, Carlos Alcaraz est celui qui a gagné le plus de titres (6) mais qui, surtout, possède le meilleur bilan comptable face au Top 10 : 8 victoires pour 1 défaite, face à Djokovic bien évidemment.
Son titre à Wimbledon soutient cet état de fait : en battant successivement trois joueurs du Top 10 (Holger Rune, Daniil Medvedev et Novak Djokovic), il a égalé la performance de Pete Sampras en 1994 (Michael Chang, Todd Martin and Goran Ivanisevic). Preuve que la menace pour Alcaraz se situe davantage dans la durée de vie de Novak Djokovic au plus haut niveau que dans la génération à venir, celle qui n’a pas encore pointé le bout de son nez ? ou alors pas encore assez (Sinner, Musetti pour ne citer qu’eux).
Pour atteindre ces niveaux anormaux où on le projette,L?Espagnol devra surfer autant que possible sur sa capacité d’adaptation constante. « On a vu suffisamment de choses d’Alcaraz sur ce Wimbledon pour dire, déjà, qu’il apprend très vite. Il s’est adapté à la surface la plus compliquée de notre sport de manière très rapide, en trois semaines ou presque », rappelait ébahi Wilander.
Plutôt qu’une ultra-spécialisation par tournoi, comme l’ont fait notamment Rafael Nadal ou Roger Federer, Alcaraz apparaît en capacité de s’imposer désormais partout et tout le temps. L’ironie tient d’ailleurs au fait que c’est surtout à Roland-Garros qu’on l’imaginait augmenter sa sobriété. « Carlos a remporté le titre qu’il a perdu en demi-finale à Paris », a d’ailleurs joliment résumé Alex Corretja pour la RAC dimanche.
Porte d’Auteuil, Flushing MeAdows, Melbourne et Londres : la potentielle confiscation des plus beaux titres du calendrier de la part de l’Espagnol peut venir de partout et c’est ce qui rend cette perspective si effrayante ou alléchante. Mais, pour l’instant, l’essentiel est ailleurs pour Wilander : « Même s’il termine à cinq ou six, il est trop important pour notre sport pour compter dès maintenant ». Parce qu’après l’ère du « Big Three », il soulève des questions qu’on ne pensait pas reposer de sitôt?